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W ou le souvenir d'Enfance, Georges Perec, 1975


Origine: RDLM - 21-08-2014

Nous vivions à Paris, dans le 20ème arrondissement, rue Vilin; c'est une petite rue qui part de la rue des Couronnes, et qui monte, en esquissant vaguement la forme d'un S, jusqu'à des escaliers abrupts qui mènent à la rue du Transvaal et à la rue Olivier Métra.

La rue Vilin est aujourd'hui aux trois quarts détruite. Plus de la moitié des maisons ont été abattues, laissant place à des terrains vagues où s'entassent des détritus, de vieilles cuisinières et des carcasses de voitures; la plupart des maisons encore debout n'offrent que des façades aveugles.

Il y a un an, la maison de mes parents, au numéro 24, [...] était encore a peu près intacte. On y voyait même, donnant sur la rue, une porte en bois condamnée au-dessus de laquelle l'inscription COIFFURE DAMES était encore à peu près lisible.

L'immeuble du numéro 24 est constitué par une série de petites bâtisses, à un ou deux étages, encadrant une courette plutôt sordide. Je ne sais pas laquelle j'ai habité. Je n'ai pas cherché à entrer à l'intérieur des logements, aujourd'hui généralement occupés par des travailleurs immigrés portugais ou africains, persuadé du reste que cela ne raviverait pas davantage mes souvenirs.

Photo : Escaliers de la rue Vilin, Willy Ronis, 1948.



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Maurice Chevalier, Ma route et mes chansons, 1946


Origine: RDLM - 21-08-2014

Chap. 2 : Ménilmontant

Je suis né le 12 septembre 1889 en haut de la colline du quartier rue du retrait au numéro 29. De ma toute première enfance passée dans cette rue je n'ai aucune souvenance. Non... Pas la moindre... Je ne suis entré dans la vie avec mes yeux et mes oreilles que lorsque je me suis aperçu que j'étais le plus petit d'un groupe de personnes qui comprenait ma mère, mon père, mes deux frères et moi et que ce petit assemblage d'êtres vivait les uns sur les autres dans un minuscule logement de deux pièces au 15 de la rue Julien Lacroix, toujours à Ménilmontant. La rue Julien Lacroix est une longue rue assez étroite qui relie la rue de Ménilmontant à la rue de Belleville.

Belleville et Ménilmontant appartiennent au même arrondissement et sont donc des genres de sœurs siamoises, collées l'une à l'autre. Un côté de la rue de Belleville appartient au 20e arrondissement, le trottoir d'en face termine le 19e; le milieu de la rue en est la séparation.

Il y a pourtant de grandes différences dans la vie et dans la personnalité des deux populations.

Belleville - grouillante, populacière, semble comme une capitale des faubourgs de Paris. Pour le mieux ou pour le pire. Il y a beaucoup d'ouvriers à Belleville, mais il y a aussi beaucoup d'autres genres de monde. Le brave et honnête gars y côtoie sans étonnement le souteneur soupçonné des plus affreuses besognes. La mère de famille fait le queue chez le boulanger derrière la pierreuse en ne trouvant en ça rien qui ne soit tout à fait dans l'ordre des choses.

On n'a pas besoin de mettre des écriteaux sur les maisons [...] pour spécifier qu'ici est une maison honnête. Tout le monde se connaît et tout le monde se permet de vivre, sauf...

Sauf à la nuit tombée, lorsque les ruelles deviennent désertes et lorsque, seuls, de rares bistrots ouverts prennent parfois des physionomies de coupe-gorge.

C'est alors que les passants attardés prennent bien des risques et que le nom riant de Belleville prend soudain des sonorités de drame. La sœur siamoise (je tiens à ma petite trouvaille) Ménilmontant, à un peu des toutes ces contradictions, mais réellement bien peu. 

Ménilmontant comparée à Belleville, fait un peu comme une parente calme, douce et en quelque sorte poétique. Il y a de la joliesse partout, depuis le boulevard de Ménilmontant en grimpant jusqu'à la rue des Pyrénées. Là vivent quatre vingt dix pour cent d'ouvriers, de vrais artisans, de vrais humbles qui représentent une des plus saines couches du peuple de Paris. On a chanté Ménilmontant sur tous les tons. J'ai, et c'est bien normal, voulu aider à poétiser en chansons mon village.

 



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Ménilmontant, Charles Trenet, 1938


Origine: RDLM - 14-08-2014

Ménilmontant mais oui madame
C'est là que j'ai laissé mon cœoeur
C'est là que je viens retrouver mon âme
Toute ma flamme
Tout mon bonheur...
Quand je revois ma petite église
Où les mariages allaient gaiement
Quand je revois ma vieille maison grise
Où même la brise
Parle d'antan
Elles me racontent
Comme autrefois
De jolis contes
Beaux jours passés je vous revois
Un rendez-vous
Une musique
Des yeux rêveurs tout un roman
Tout un roman d'amour poétique et pathétique
Ménilmontant !

Quand midi sonne
La vie s'éveille à nouveau
Tout résonne
De mille échos
La midinette fait sa dînette au bistro
La pipelette
Lit ses journaux
Voici la grille verte
Voici la porte ouverte
Qui grince un peu pour dire "Bonjour bonjour
Alors te v'là de retour ?"

Ménilmontant mais oui madame
C'est là que j'ai laissé mon cœoeur
C'est là que je viens retrouver mon âme
Toute ma flamme
Tout mon bonheur...
Quand je revois ma petite gare
Où chaque train passait joyeux
J'entends encor dans le tintamarre
Des mots bizarres
Des mots d'adieux
Je suis pas poète
Mais je suis ému,
Et dans ma tête
Y a des souvenirs jamais perdus
Un soir d'hiver
Une musique
Des yeux très doux les tiens maman
Quel beau roman d'amour poétique
Et pathétique
Ménilmontant !



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La marche de Ménilmontant, Maurice Chevalier, 1944


Origine: RDLM - 14-08-2014

Nous avons, quoiqu'on en pense,
L'amour du pays natal.
Et du Nord à la Provence
On le chante et c'est normal.
C'est pourquoi, à mon tour,
J'ai la chance de chanter
Un p'tit coin pour moi sans égal :

Refrain :
Les gars d'Ménilmontant
Sont toujours remontants
Même en redescendant
Les rues de Ménilmuche
Ils ont le coeur ardent,
Le coeur et tout l'restant
Tant qu'ils s'en vont chantant :
Ménilmontant !

Ils s'en vont la mine fière,
Droit devant eux dans la rue.
Et s'ils baissent les paupières,
C'est sur un mollet dodu.
D'un coup d'oeil ils vous font l'inventaire
Des trésors bien cachés par une ingénue.

Refrain

Il faut voir comme ils décochent
Tous les traits de leur esprit,
Et ce esprit de gavroche,
C'est le bon coeur à crédit.
Et Mimi Pinson dans leur caboche
A laissé la chanson et la poésie...

Refrain

V'là les gars de mon village,
Ni plus mauvais, ni meilleurs
Que tous les gars à la plage
De Paris ou bien d'ailleurs.
Ils seront les jeunots d'un autre âge
Qui rendra au pays toute sa grandeur.

Refrain



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Rêveries d'un promeneur solitaire (deuxième promenade) - Jean-Jacques Rousseau


Origine: RDLM - 10-08-2014

Le jeudi 24 octobre 1776, je suivis après dîner les boulevards jusqu'à la rue du Chemin-Vert par laquelle je gagnai les hauteurs de Ménilmontant, et de là prenant les sentiers à travers les vignes et les prairies, je traversai jusqu'à Charonne le riant paysage qui sépare ces deux villages, puis je fis un détour pour revenir par les mêmes prairies en prenant un autre chemin. Je m'amusais à les parcourir avec ce plaisir et cet intérêt que mont toujours donnés les sites agréables, et m'arrêtant quelquefois à fixer des plantes dans la verdure. J'en aperçus deux que je voyais assez rarement autour de Paris et que je trouvai très abondantes dans ce canton-là. L'une est le Picris hieracioides, de la famille des composées, et l'autre le Bupleuron falcatum, de celle des ombellifères. Cette découverte me réjouit et m'amusa très longtemps et finit par celle d'une plante encore plus rare, surtout dans un pays élevé, savoir le Cerastium aquaticum que, malgré l'accident qui m'arriva le même jour, j ai retrouvé dans un livre que j'avais sur moi et placé dans mon herbier.

Enfin, après avoir parcouru en détail plusieurs autres plantes que je voyais encore en fleurs, et dont l'aspect et l'énumération qui m'était familière me donnaient néanmoins toujours du plaisir, je quittai peu à peu ces menues observations pour me livrer à l'impression non moins agréable mais plus touchante que faisait sur moi l'ensemble de tout cela. Depuis quelques jours on avait achevé la vendange ; les promeneurs de la ville s'étaient déjà retirés ; les paysans aussi quittaient les champs jusqu'aux travaux d'hiver. La campagne, encore verte et riante, mais défeuillée en partie et déjà presque déserte, offrait partout l'image de la solitude et des approches de l'hiver. Il résultait de son aspect un mélange d'impression douce et triste trop analogue à mon âge et à mon sort pour que je ne m'en fisse pas l'application.

Je me voyais au déclin d'une vie innocente et infortunée, l'âme encore pleine de sentiments vivaces et l'esprit encore orné de quelques fleurs, mais déjà flétries par la tristesse et desséchées par les ennuis. Seul et délaissé je sentais venir le froid des premières glaces, et mon imagination tarissante' ne peuplait plus ma solitude d'êtres formés selon mon cœur. Je me disais en soupirant : qu'ai-je fait ici-bas ? J'étais fait pour vivre, et je meurs sans avoir vécu. Au moins ce n'a pas été ma faute, et je porterai à l'auteur de mon être, sinon l'offrande des bonnes oeuvres qu'on ne m'a pas laissé faire, du moins un tribut de bonnes intentions frustrées, de sentiments sains mais rendus sans effet et d'une patience à l'épreuve des mépris des hommes. Je m'attendrissais sur ces réflexions, je récapitulais les mouvements de mon âme dès ma jeunesse, et pendant mon âge mûr, et depuis qu'on m'a séquestré de la société des hommes, et durant la longue retraite dans laquelle je dois achever mes jours. Je revenais avec complaisance sur toutes les affections de mon cœur, sur ses attachements si tendres mais si aveugles, sur les idées moins tristes que consolantes dont mon esprit s'était nourri depuis quelques années, et je me préparais à les rappeler assez pour les décrire avec un plaisir presque égal à celui que J'avais pris a m'y livrer.

Mon après-midi se passa dans ces paisibles méditations, et je m'en revenais très content de ma journée, quand au fort de ma rêverie j'en fus tiré par l'événement qui me reste à raconter. J'étais sur les six heures à la descente de Ménilmontant presque vis-à-vis du Galant Jardinier, quand, des personnes qui marchaient devant moi s étant tout à coup brusquement écartées je vis fondre sur moi un gros chien danois qui, s'élançant à toutes jambes devant un carrosse, n'eut pas même le temps de retenir sa course ou de se détourner quand il m'aperçut. Je jugeai que le seul moyen que j'avais d'éviter d'être jeté par terre était de faire un grand saut si juste que le chien passât sous moi tandis que je serais en l'air. Cette idée plus prompte que l'éclair et que je n'eus le temps ni de raisonner ni d'exécuter fut la dernière avant mon accident. Je ne sentis ni le coup ni la chute, ni rien de ce qui s'ensuivit jusqu'au moment où je revins a moi.

Il était presque nuit quand je repris connaissance. Je me trouvai entre les bras de trois ou. quatre jeunes gens qui me racontèrent ce qui venait de m'arriver. Le chien danois n'ayant pu retenir son élan s'était précipité sur mes deux jambes et, me choquant de sa masse et de sa vitesse, m'avait fait tomber la tête en avant : la mâchoire supérieure portant tout le poids de mon corps avait frappé sur un pavé très raboteux, et la chute avait été d'autant plus violente qu'étant à la descente, ma tête avait donné plus bas que mes pieds.

Le carrosse auquel appartenait le chien suivait immédiatement et m'aurait passé sur le corps si le cocher n'eût à l'instant retenu ses chevaux. Voilà ce que j'appris par le récit de ceux qui m'avaient relevé et qui me soutenaient encore lorsque je revins à moi. L'état auquel je me trouvai dans cet instant est trop singulier pour n'en pas faire ici la description.

La nuit s'avançait. J'aperçus le ciel, quelques étoiles, et un peu de verdure. Cette première sensation fut un moment délicieux. Je ne me sentais encore que par 1à. Je naissais dans cet instant à la vie, et il me semblait que je remplissais de ma légère existence tous les objets que j'apercevais. Tout entier au moment présent je ne me souvenais de rien ; je n'avais nulle notion distincte de mon individu, pas la moindre idée de ce qui venait de m'arriver ; je ne savais ni qui j'étais ni où j'étais ; je ne sentais ni mal, ni crainte, ni inquiétude. Je voyais couler mon sang comme j'aurais vu couler un ruisseau, sans songer seulement que ce sang m'appartînt en aucune sorte. Je sentais dans tout mon être un calme ravissant auquel, chaque fois que je me le rappelle, je ne trouve rien de comparable dans toute l'activité des plaisirs connus.

On me demanda où je demeurais ; il me fut impossible de le dire. Je demandai où j'étais, on me dit, à la Haute-Borne, c'était comme si l'on m'eût dit au mont Atlas. Il fallut demander successivement le pays, la ville et le quartier où je me trouvais. Encore cela ne put-il suffire pour me reconnaître ; il me fallut tout le trajet de là jusqu'au boulevard pour me rappeler ma demeure et mon nom. Un monsieur que je ne connaissais pas et qui eut la charité de m'accompagner quelque temps, apprenant que je demeurais si loin, me conseilla de prendre au Temple un fiacre pour me reconduire chez moi. Je marchais très bien, très légèrement sans sentir ni douleur ni blessure, quoique je crachasse toujours beaucoup de sang. Mais j'avais un frisson glacial qui faisait claquer d'une façon très incommode mes dents fracassées. Arrive au Temple, je pensai que puisque je marchais sans peine il valait mieux continuer ainsi ma route à pied que de m'exposer à périr de froid dans un fiacre. Je fis ainsi la demi- lieue qu'il y a du Temple à la rue Plâtrière, marchant sans peine évitant les embarras, les voitures, choisissant et suivant mon chemin tout aussi bien que j'aurais pu faire en pleine santé.

J'arrive, j'ouvre le secret qu'on a fait mettre à la porte de la rue, je monte l'escalier dans l'obscurité et j'entre enfin chez moi sans autre accident que ma chute et ses suites, dont je ne m'apercevais pas même encore alors. Les cris de ma femme en me voyant me firent comprendre que j'étais plus maltraité que je ne pensais. Je passai la nuit sans connaître encore et sentir mon mal. Voici ce que je sentis et trouvai le lendemain. J'avais la lèvre supérieure fendue en dedans jusqu'au nez, en dehors la peau l'avait mieux garantie et empêchait la totale séparation, quatre dents enfoncées à la mâchoire supérieure, toute la partie du visage qui la couvre extrêmement enflée et meurtrie, le pouce droit foulé et très gros le pouce gauche grièvement blessé, le bras gauche foulé, le genou gauche aussi très enflé et qu'une contusion forte et douloureuse empêchait totalement de plier. Mais avec tout ce fracas rien de brisé pas même une dent, bonheur qui tient du prodige dans une chute comme celle-là. Voilà très fidèlement l'histoire de mon accident.

www.ruedelamare.com



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